Bio / CV

La pratique de Justine Siret s’élabore à partir d’un matériau premier : l’anecdote. Non pas l’histoire légère ou périphérique, mais l’événement ténu, issu du réel, capable d’ouvrir une réflexion sur les usages, les gestes et les récits qui structurent nos environnements. Ses projets naissent d’un geste de prélèvement — marcher, photographier, collecter, observer — qui engage une relation directe aux espaces urbains, à leurs strates et à leurs inconscients. L’arpentage, qu’elle considère à la fois comme méthode et comme rythme de pensée, organise une lecture du territoire attentive aux détails, aux micro-fictions, aux formes involontaires que le hasard produit.

Ces fragments — images trouvées, objets prélevés, situations observées — constituent un réservoir dans lequel l’artiste puise pour construire ses œuvres. La série Vade Rétro(s), peinte sur des miroirs de rétroviseurs achetés sur la plateforme LeBonCoin, témoigne de cette circulation entre collecte et transformation. En « sauvant » de l’oubli des images promises à disparaître avec leurs annonces, Justine Siret s’intéresse à ce que ces objets techniques exposent malgré eux : reflets accidentels de corps, compositions involontaires, théâtralité discrète du banal. Ces images deviennent des sources pour un travail pictural qui ne se limite pas à la reproduction, mais engage un véritable geste d’interprétation.

Sculpture, peinture, édition ou installation ne constituent pas des choix prédéfinis, mais des prolongements naturels de l’anecdote initiale : chaque médium s’impose en fonction de ce que la situation collectée exige pour trouver sa forme. Au sein de cet ensemble, la peinture occupe une place structurante. Elle lui permet de déployer une grammaire de gestes et de surfaces qu’elle met en tension avec des savoir-faire ouvriers dont elle interroge la matérialité autant que la charge symbolique. 

Cet intérêt l’amène à explorer, sous un angle critique, l’histoire des femmes au sein de l’industrie automobile : leurs gestes, leurs positions, leurs images périphériques ou invisibilisées. Réparation, ponçage, masquage, application de couches successives — autant de procédures techniques qu’elle transpose dans ses dispositifs plastiques pour questionner la façon dont ces techniques façonnent les récits, les représentations et les formes.

L’ensemble de son travail repose sur une logique d’agencement. Photographies, peintures, volumes et objets coexistent dans un même champ sans hiérarchie, selon une économie de la constellation qui permet aux œuvres d’entretenir des liens, tout en préservant leur autonomie. Cette mise en relation fait émerger des circulations de sens : où le trivial rencontre l’historique, où l’objet technique se charge de mémoire, où l’image trouvée devient point d’entrée vers une réflexion plus large sur les usages, les récits et les techniques qui structurent nos environnements. 

En révélant la densité narrative du quotidien, Justine Siret propose une lecture sensible et structurée du réel, où le fragment devient outil de connaissance et moteur de fiction.

J’écris sur la finance, la gestion et l’économie, mon livre intitulé « Études monétaires » est maintenant disponible.

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